Les gardiens du temple des procédés photographiques du XIXᵉ siècle


Jérôme Monnier parcourt sa collection de daguerréotypes de voyage.

C’était il y a trente ans. Jérôme Monnier profite de ses vacances pour explorer la technique du daguerréotype à l’iode, en remplacement du mercure, trop dangereux pour la santé. Quelques minutes après sa première prise de vue, l’image apparaît, et l’émotion affleure. Mais presque aussitôt, la trace du paysage italien reflue doucement pour s’évanouir à jamais de la plaque argentée.

Ses ouvrages du XIXe siècle ne mentionnant aucune solution, le problème se répète pendant des mois, à en désespérer. Jérôme Monnier songe à abandonner et à épargner à sa famille l’acheminement du lourd matériel par monts et par vaux. Mais leurs encouragements le portent : il finit par retrouver, à force de tâtonnements, le chemin du premier procédé photographique de l’histoire, ou plus précisément de sa variante de 1840. Tout simplement en développant ses images quatre fois plus longtemps (voir notre vidéo ci-dessous).

Depuis cette époque, Jérôme Monnier a réalisé un millier de daguerréotypes, mais il n’est pour autant jamais certain d’obtenir une image satisfaisante. Si les procédés de prise de vue du XIXe siècle sont ingrats, celui-ci, précisement, l’est jusqu’à l’absurde. « Toutes les couleurs ne sont pas restituées : le vert est atténué, le jaune disparaît. Certaines pierres ne reflètent pas la lumière », énumère-t-il. Sans compter le passage des nuages qui sabote parfois l’image.

Chaque image demande plus d’une heure de travail, dont deux minutes de prise de vue durant lesquelles la plaque argentée boit lentement la lumière. Le passage des badauds n’y laisse au mieux qu’une traînée fugace. « Pour mon psy, leur absence n’est pas due au hasard », confie-t-il.

Titulaire d’un diplôme de restauration photographique qui assure l’essentiel de ses revenus, l’homme tient le week-end une petite galerie à Saint-Ouen, en région parisienne, où il expose ses œuvres aux fascinants reflets argentés, ainsi que d’émouvants daguerréotypes venus du XIXe siècle. Des images fragiles : en ôtant leur verre de protection, il suffit souvent de passer le doigt dessus pour effacer l’image.

Un daguerréotype photographié en Espagne par Jérôme Monnier.

Le défi du collodion

En France, les pratiquants du daguerréotype se comptent « sur les doigts d’une main », estime Jérôme Monnier. Mais les adeptes du collodion humide, un procédé photographique né autour de 1850, sont moins rares. Loïc Raux en a réalisé une soixantaine, par curiosité, mais aussi par défi, lui qui se lasse rapidement de ce qu’il maîtrise. Chaque photo lui demande plusieurs dizaines de minutes de travail (voir notre vidéo ci-dessous).

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